FÊTE DES MÈRES, UNE ORIGINE LOINTAINE

Statue de Cybèle, version romaine de Rhéa.
Statue de Cybèle, version romaine de la déesse Rhéa.

Dès l’antiquité, il est d’usage de fêter les mamans. Au printemps, les Grecs honorent Rhéa, la mère de Zeus, symbole de la fécondité (les romains l’assimileront avec Cybèle). À Rome, aux calendes de mars, on célèbre les Matronalia (du latin matrona, « mère de famille »). Le christianisme va substituer à ces rituels païens le culte de la Vierge Marie, la mère par excellence.

 

La tradition renaît en Grande-Bretagne au XVIIe siècle, avec le Mothering Sunday. Le quatrième dimanche de Carême, les enfants placés comme domestiques, en particulier les petites filles, peuvent aller rendre visite à leur maman. Plus tard, Napoléon 1er sera séduit par cette tradition, mais son intention d’instituer une fête du même ordre en France, afin d’encourager la natalité, n’aura pas de suite. Aux États-Unis, une institutrice, Anne Jarvis, va mener campagne pendant de longues années pour qu’un service religieux soit célébré le deuxième dimanche de mai pour honorer les mères de famille. 

Pourquoi cette date ? Sans doute en hommage à sa propre mère, fondatrice des Mothers Day Work Clubs avant la guerre de Sécession, décédée en ce jour précis. Le Mother’s Day est célébré à partir de 1908 aux États-Unis. En 1914, le président Woodrow Wilson l’institue officiellement comme fête nationale. Elle est rapidement adoptée par les pays anglo-saxons. Pendant la Première Guerre mondiale, les soldats américains engagés sur le front vont populariser cette fête par l’envoi en masse de cartes postales à leur mère.

En 1918, en raison de l’hécatombe provoquée par la Grande Guerre, il est plus que jamais urgent de relancer la courbe des naissances et d’encourager la constitution de familles nombreuses. Cette année-là, la ville de Lyon fête les mamans méritantes en leur conférant récompenses et prix, dont l’un offert par le président de la République. En 1920, le ministère de l’Intérieur autorise la première Journée nationale des mères de familles nombreuses au cours de laquelle une collecte est organisée. La fête remporte un franc succès. Sous la présidence de Gaston Doumergue (de 1924 à 1931), un décret institutionnalise la Journée des Mères, qui prend sa place dans le calendrier le dernier dimanche de mai.

Affiche de la Fête des Mères en 1941.
Affiche de la Fête des Mères en 1941.

 

En 1941 le régime de Vichy s’en empare et crée la Fête des Mères telle que nous la connaissons. « L’enfant, précise la circulaire de l’époque adressée aux enseignants, doit inventer et décider lui-même le geste qu’il accomplira. Il doit pouvoir l’entourer de tout le secret et de tout le mystère qu’il désire. » Et oui ! Le maréchal Pétain est en quelque sorte l’inspirateur du collier de nouilles confectionné par des générations d’écoliers. En 1950, la loi du 24 mai établit que « la République française rend officiellement hommage chaque année aux mères françaises au cours d’une journée consacrée à la célébration de la Fête des Mères » et en fixe à nouveau la date au dernier dimanche de mai, sauf s’il s’agit du dimanche de Pentecôte. Les mamans sont alors fêtées le premier dimanche de juin.

Et puisque en France, tout se termine par des chansons... 

Voici la petite Muriel, qui le 29 mai 1965, interprète une chanson pour sa maman et toutes les autres.

Images d'archive INA (Institut National de l'Audiovisuel).

Par Emmanuel Boullier

Publié le 30 mai 2021


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