Dans quelques semaines, un distributeur automatique de billets (DAB) sera mis en service Place Louvois à Vélizy-Villacoublay. Prévu et attendu depuis plusieurs années par les habitants, son installation a été sans cesse reportée. Ce nouvel équipement mis en place par La Banque Postale facilitera le retrait d’espèces, notamment pour les plus âgés, qui n’auront plus besoin de se déplacer jusqu’à une agence bancaire, les plus proches se situant quartier Le Village ou quartier de l’Europe.
Curieusement, ce DAB « La Banque Postale » est implanté sur la structure du bâtiment de l’agence « AXA Banque et Assurance », ou l’on s’attendrait plutôt à trouver un distributeur de ce groupe. Enfin, peu importe la logique, ce nouveau service de proximité sera utile aux clients qui pourront ainsi retirer de l’argent liquide pour effectuer leurs achats dans les commerces du quartier Louvois ou faire leurs courses chez les forains du marché de Louvois.
Selon ATM Industry Association (ATMIA), aujourd’hui, plus de 3,5 millions de distributeurs automatiques de billets, éparpillés dans le monde entier, fournissent de l’argent 24h/24h, 7 j/7j. Outre le retrait, ces guichets permettent de consulter son solde, de faire des dépôts de chèques, d’espèces, et de transférer des fonds en toute sécurité. Avec Visa, Master Card, American Express, on a les cartes en main !
À fin 2019, la France métropolitaine compte 50 316 distributeurs de billets en activité, contre 52 451 un an auparavant, soit une baisse de 4,1%. Cette rationalisation s’inscrit dans le contexte de l’érosion de l’usage des espèces dans les transactions, sous l’effet des changements des modes de consommation et de paiement. (Étude de la Banque de France – Juillet 2020).
À ce propos, connaissez-vous l’histoire des distributeurs automatiques de billets ? Comment faisait-on, jadis, pour retirer de l’argent ? Et bien, il fallait se rendre dans une agence bancaire et s’adresser aimablement à la caissière. Un, deux, trois billets… Merci au revoir. Une scène banale, sans anicroche. Pourtant, l’affaire était souvent moins idyllique. L’établissement pouvait être bondé, quand il n’était tout bonnement fermé. Sans parler des humeurs changeantes des employés…
Comme souvent, la paternité de cette merveilleuse invention est controversée. En 1939, Luther George Simjian, concepteur américain, d’origine arménienne, a l’idée de créer l’ATM (Automatic Teller Machine), une petite machine qui permet aux clients d’effectuer des transactions financières.
Il dépose vingt brevets liés à son nouveau dispositif et persuade la City Bank of New York (aujourd’hui Citibank) de faire un essai. Six mois plus tard, les responsables de l’établissement lui annoncent, avec embarras, l’insuccès de ce guichet. « Il semble que les seules personnes employant les machines étaient un petit nombre de prostituées et de joueurs peu désireux de traiter avec des caissiers face à face », écrira George Simjian plus tard. L’appareil est donc retiré.
Trois décennies plus tard, l’ingénieur écossais James Goodfellow, met au point au Royaume-Uni, une machine en phase avec son temps, pour un coût d’investissement faible. Le 2 mai 1966, le brevet n°119 7183 est enregistré. La technologie utilisée permet, grâce à une carte en plastique perforée et un numéro d'identification personnel (NIP) propre à chaque client, d’être lue par la machine. Après décodage et vérification de leur correspondance par le système, le mécanisme du distributeur de billets est activé et l'argent distribué au client. C’est ce système avec code PIN qui est utilisé aujourd'hui dans le monde entier.
Pourtant, l’Histoire retient surtout le nom de John Shepherd-Barron, directeur de la société De La Rue, comme étant l’inventeur du premier distributeur de billets. L’idée lui vient après un épisode rocambolesque, impensable au XXIe siècle. « Je me souviens de la nécessité, en 1965, d’aller à l’agence le samedi matin pour y retirer tout l’argent dont j’allais avoir besoin durant la semaine. Mais je suis arrivé trop tard et elle était fermée. J’ai dû demander au garagiste local de m’échanger du liquide contre un chèque. Ce soir-là, j’ai commencé à réfléchir à un meilleur moyen d’avoir accès à mon argent, quand je voudrais. J’ai pensé aux distributeurs de chocolats, où une barre chocolatée est délivrée contre l’insertion de pièces de monnaie dans la machine, et je me suis dit qu’il devait bien être possible de faire de même avec l’argent de chacun », se rappelle-il.
Deux ans plus tard, John Shepherd-Barron présente son concept à Harold Darvill, président de la Barclays, qui flaire là un bon coup à jouer. Des billets à la place de chocolat ? Why not ? Le premier guichet « encastré dans le mur » est installé à l’agence d’Enfield, dans la banlieue nord de Londres, en juin 1967. Les clients de la banque introduisent un « carton » imprégné de carbone 14, une substance légèrement radioactive, puis ils tapent un code à quatre chiffres (Mme Shepherd n’arrivait pas à en mémoriser davantage !). Résultat : un tiroir s’ouvre brusquement avec 10 livres sterling à l’intérieur ! Le succès est immédiat : à la fin des années 1960, il y a 781 distributeurs dans le monde.
Sir Thomas Bland, vice-président de la Barclays Bank, dévoile le premier distributeur automatique de billets Barclay dans le quartier londonien d'Enfield, Royaume-Uni, le 27 juin 1967. Derrière lui se trouve AG Norman, président de De La Rue, et à droite l'acteur Reg Varney (1916-2008).
Depuis, les distributeurs automatiques de billets (DAB) ont fleuri partout sur la planète, même dans les endroits les plus reculés. Le plus inaccessible ? Certainement celui de la station américaine antarctique de McMurdo*, situé au sud de l’île de Ross !
*La station de McMurdo, une base de recherche antarctique américaine créée en 1956, est la plus grande communauté de l’Antarctique. Pour répondre aux besoins financiers de ses 250 à 1 000 résidents, Wells Fargo a mis en place deux distributeurs automatiques de billets vers l'an 2000. Un technicien est envoyé pour effectuer la maintenance préventive sur le DAB tous les deux ans.
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