LE SAVON : À L’ORIGINE, UN PRODUIT NATUREL

Savon d'Alep
Savon d'Alep

Le premier savon aurait été fabriqué il y a 3000 ans à Alep, en Mésopotamie : un savon à base d’huile d’olive, de laurier et de soude végétale, provenant de la combustion de plantes diverses, dont la salicorne. Il se présente sous la forme d’un bloc marron vert. C’est le premier produit d’hygiène corporelle inventé par l’homme. Cette pâte permet d’éradiquer les infections et de calmer les principales irritations de la peau.

Les Égyptiens se frottent avec du natron, c’est-à-dire du bicarbonate de soude que l’on trouve à l’état naturel dans les lacs salés après évaporation. Les Germains et les Celtes préparent leur savon à partir de graisse de chèvre et de cendres de bouleau. Le sapo romain est très corrosif. Il ne sert pas pour le corps, mais le blanchissage du linge et pour éclaircir les cheveux, comme le relate Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle. À Rome, la pâte savonneuse est employée comme remède. Malgré la tradition des thermes, ce n’est qu’au IIe siècle qu’elle est utilisée pour se laver.

Ces pains de savon de Marseille pèsent 600 grammes. L’huile d’olive représente 72% de sa composition.
Ces pains de savon de Marseille pèsent 600 grammes. L’huile d’olive représente 72% de sa composition.

Les croisés rapportent d’Orient le savon d’Alep, à la base de tous les savons durs. Quelques savonneries s’implantent en Espagne, en Italie et en Provence dès le XIIe siècle. Aucune n’atteint la réputation et l’activité de celles qui se développent à Marseille à partir du XVe siècle. Fabriqué à partir d’huile d’olive et de soude, le savon de Marseille subit le procédé au chaudron, qui consiste à cuire la pâte jusqu’à saponification des huiles par la soude évaporée.

La cité phocéenne, entourée d’oliviers est capable de fournir la matière première nécessaire à la confection d’un savon corporel dont la renommée est telle que, dès le siècle de Louis XIV, ce sont plusieurs dizaines de savonneries qui sont en activité.

Savonnerie Le Sérail à Marseille
Savonnerie Le Sérail à Marseille

 Une réglementation stricte est mise en place, qui assure le succès de ce savon de couleur verte, produit par cinq cents ouvriers et des renforts de forçats. Interdiction d’ajouter de l’eau pour en augmenter le poids ou de la farine ou de la chaux, moins chères que les huiles ou la soude ! Interdiction d’utiliser un autre ingrédient que l’huile d’olive pure ! Deux types de savon se côtoient : le savon marbré pour dégraisser les laines et faire le ménage ; le savon blanc pour les teinturiers, blanchisseurs et parfumeurs.

En 1789, l’événement passe totalement inaperçu, il est pourtant à l’origine de l’industrie chimique industrielle : Nicolas Leblanc, chirurgien du duc d’Orléans, obtient du carbonate de calcium à partir de sel marin. Il dépose le brevet en 1791, installe une usine au bord de la Seine, à Saint-Denis. La mort de son protecteur, le duc d’Orléans, sur l’échafaud en 1793, le ruine. Son usine est fermée. Il se suicide peu après, mais le procédé Leblanc triomphe durant tout le XIXe siècle et alimente l’industrie savonnière qui caracole toujours à Marseille.

Affiche publicitaire Le Chat en 1905
Affiche publicitaire Le Chat en 1905

En 1853, la savonnerie marseillaise C. Ferrier et Cie lance « Le Chat », un produit qui se présente comme un bloc de savon de Marseille : un produit lessive 100% naturel, qui n’allait pas tarder à devenir célèbre.

 

C’est l’âge d’or du savon de Marseille, fabriqué par une dizaine de petites entreprises familiales, avec des marques comme L’Amande, Le Chapeau, La Bonne Mère, La Sainte Famille, Le Fer à Cheval… Vers 1900, Le Chat entre dans l’univers de l’hygiène corporelle et la toilette du corps avec Le Petit Chat, sous la forme d’une savonnette de 100 ou 150 grammes.

Packaging vintage pour les 110 ans de Persil
Packaging vintage pour les 110 ans de Persil

C’est un Phocéen, Jules Ronchetti, qui invente, en 1906, la poudre de savon à laver qu’il commercialise sous la marque Persil. L’année suivante, la société allemande Henkel sort un produit similaire sous le même nom. S’ensuit une bataille juridique qui dure jusqu’à la fin des années 1920. La marque anglaise Unilever, qui rachète l’entreprise Ronchetti, obtient d’utiliser le nom persil en France et en Grande-Bretagne, tandis qu’Henkel garde le monopole dans le reste du monde.


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