L’EXTRAORDINAIRE AVENTURE DE ZARAFA, LA GIRAFE DE CHARLES X

Zarafa… C’est désormais sous ce nom que l’on connaît la première girafe de France, offerte en présent diplomatique par le pacha d’Égypte, Méhémet-Ali, au roi Charles X, en 1826. Jusqu’au 29 décembre 2019, le musée du Domaine départemental de Sceaux lui consacre une exposition dans La Galerie Bis. Le musée est dépositaire de la collection d’objets « à la girafe » réunie par le journaliste Gabriel Dardaud, auquel cette exposition veut rendre hommage.

D'espèce nubienne, la jeune girafe est capturée dans le désert du Kordofan, futur Soudan. Par felouque sur

le Nil, la première partie de son périple la mène jusqu'à Alexandrie. Puis elle traverse la Méditerranée à bord d'un brigantin à deux mats, dont un carré du pont a été scié pour que son cou puisse émerger de la cale. Trois vaches l'accompagnent et lui procurent un lait nourricier. Elle arrive à Marseille le 23 octobre 1826 où elle est mise en quarantaine au lazaret. Le bruit se répand dans la ville qu’une sorte de monstre de taille exceptionnelle et de constitution extravagante, pourrait être l’incarnation de la Tarrasque. Le préfet des Bouches du Rhône prend la décision de faire installer la girafe dans une étable édifiée dans la cour de son hôtel particulier. Cette « jeune fille du désert » va méditer tout l'hiver à Marseille sur son fabuleux destin.

Zarafa embarque depuis le port d'Alexandrie.
30 septembre 1826 : l’embarquement de Zarafa au port d’Alexandrie, pour un voyage de trois semaines en mer méditerranée.

Le 20 mai 1827, le printemps venu, Zarafa, quitte Marseille avec un cortège surréaliste composé de gardes égyptiens, de vaches nourricières et autres animaux exotiques... Elle remonte « à pattes » la vallée du Rhône et traverse la Bourgogne, avant d'atteindre la capitale, soit 880 kilomètres. Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, le célèbre naturaliste ayant participé à la campagne d’Égypte de Napoléon, veille sur l'animal et rédige un journal qui rend compte des divers épisodes du périple. La belle sera habillée d’un manteau de pluie, costume deux pièces en toile gommée, boutonné sur le devant, avec capuche pour la tête, frappé d'un côté des armes du pacha d'Égypte et de l'autre de celles du roi de France. Ses palefreniers Hassan et Atir la maintiennent à la longe. Après 42 jours de marche dont une traversée mouvementée de Lyon, elle arrive aux abords de Paris. La silhouette élégante de Zarafa déclenche l’admiration. 

Zarafa est présentée à Charles X, roi de France.
Zarafa est présentée à Charles X, roi de France.

Il était prévu que Charles X vienne voir sa girafe à la Ménagerie. Cependant sa belle-fille, la duchesse d’Angoulême, envisageait autrement la rencontre : « C’est à la girafe d’être conduite au roi, et non pas au souverain de se précipiter comme le vulgaire au-devant du cadeau qu’on lui fait ». Aussi la girafe se remit-elle en route le 9 juillet 1827 pour Saint-Cloud, escorté par ses gardiens, d’hommes à cheval et de nombreux équipages, parmi lesquels prirent place Geoffroy Saint-Hilaire et Cuvier, avec tous les membres de l’administration du Jardin du Roi. À midi, le souverain, le duc et la duchesse d’Angoulême, la duchesse du Berry et ses enfants, suivis de toute la cour, se présentèrent devant l’Orangerie du château de Saint-Cloud, et Geoffroy Saint-Hilaire eut l’honneur de leur présenter la girafe. Son affabilité l’encourage à manger dans la main du roi des feuilles de roses dont elle est friande.

Des dioramas (reconstitution de scènes historiques) réalisés en PLAYMOBIL® présentent les grandes étapes de l’épopée de Zarafa, depuis le Soudan où elle fut capturée, jusqu’à Paris où elle passa une grande partie de sa vie d’animal captif. L’histoire de la grande girafe de Charles X ne se limite pas à ces épisodes, car sa traversée de la France en 1827 fit d’elle un véritable phénomène de mode.

Celle que l’on nommera plus tard Zarafa* déclenche à son arrivée à Paris une véritable « Girafomania ». Ainsi la première girafe foulant le sol de France devient une vedette : Médailles, statuettes en bronze, encriers, vaisselles, moules à gâteaux, bonbonnières, tabatières, pains d’épices… à l'effigie de la girafe passionnent les contemporains.

Des tissus et des papiers peints portent la référence : « ventre de girafe », « girafe amoureuse » ou « girafe en exil ». Elle envahit le langage, la mode, fait fureur comme sur les coiffures des élégantes du XIXe siècle, les pamphlets, les spectacles... Jusqu'à Balzac, Stendhal et Flaubert qui l'évoquent. 

Après cette période de gloire, elle est installée au Jardin des Plantes où 600.000 parisiens viennent l'admirer. Elle meurt célibataire dans sa 21ème année au début de 1845, sans avoir pu rencontrer le mâle qui lui était destiné en Italie.

Rotonde de la girafe et des éléphants.
Rotonde de la girafe et des éléphants.

Tombé dans l’oubli, son périple est redécouvert par un journaliste, Gabriel Dardaud, dans les archives de la bibliothèque nationale du Caire. Il lui consacre un article en 1951, puis une étude en 1985, juste après avoir collaboré à une exposition à l’Orangerie du Domaine départemental de Sceaux. C’est sa collection personnelle d’objets « à la girafe » qui constitue la colonne vertébrale de cette nouvelle exposition. S’y ajoutent des objets, des photographies et des films qui montrent la découverte progressive de la girafe en Occident, lorsque, à l’arrivée de Zarafa, savants, dignitaires et explorateurs cherchent à connaître cet animal. Ils prouvent également l’engouement pour ses aventures qui ont inspiré études, livres, expositions et même un dessin animé en 2012.

Les dioramas sur la pérégrination de cette girafe ont été réalisés par Jean-Philippe Broussin, dirigeant de Play-Original, société spécialisée dans la création de scènes historiques en PLAYMOBIL® et dans la revente de figurines PLAYMOBIL® neuves et d’occasions.

*Le nom de « Zarafa » n’apparait que bien plus tard, en 1998 sous la plume de l’auteur américain Michael Allin et signifie tout simplement « girafe » en arabe. Selon Geoffroy Saint-Hilaire elle ne fut appelée durant son voyage que « le bel animal du roi ».

Exposition « L'extraordinaire aventure de Zarafa, la girafe de Charles X »

Horaires de visite : du mardi au dimanche.

De 14h00 à 18h30 jusqu'au 31 octobre.

De 13h à 17h à partir du 1er novembre.

 

Tarif visite libre : 4 euros / tarif réduit : 3 euros.

DOMAINE DÉPARTEMENTAL DE SCEAUX

Château de Sceaux - Galerie Bis aux Écuries

92330 Sceaux


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