LA VILLA MICHELET À VÉLIZY : UN PATRIMOINE DISPARU

La villa Michelet à Vélizy.
La villa Michelet à Vélizy.

Au XIXe siècle, Athénaïs Marguerite Michelet, épouse de l’illustre historien Jules Michelet à qui l’on doit l’œuvre monumentale « L’Histoire de France », demeure régulièrement à Vélizy. Le couple loue une maison à l’angle des actuelles rues de la Forêt (anciennement impasse de la Tôle) et Michelet (anciennement rue de l’Ursine).

 

Après la mort de son mari, la veuve Michelet devient propriétaire de la villa en 1893. Dans un courrier daté du 12 juillet 1893, Athénaïs annonce cet achat : « Dimanche 23, nous fêterons la Ste Marguerite, et nous pendrons la crémaillère dans l’Ostalet (maisonnette) puisque me voilà propriétaire. »

Portrait de Jules Michelet par Thomas Couture.
Portrait de Jules Michelet (1798-1874) par Thomas Couture.

Nous savons peu de choses sur la présence de Jules Michelet à Vélizy, mais si l’en croit le commentaire de Jules Claretie, auteur de La vie à Paris (1898), Michelet est bien venu travailler à Vélizy : « Je regardais, l’été dernier, dans l’hospitalière maison de Vélizy où Mme Michelet mettait en ordre, relisait les papiers de son mari, le petit bureau où l’historien a écrit la plupart de ses pages immortelles. Je contemplais la place où son coude s’est appuyé, où sa main, sur les feuilles volantes, a couru, jetant son écriture large, virile, aux caractères si lapidaires. » 

 

Rappelons au passage que sa femme Athénaïs fut la collaboratrice dévouée, et parfois l’inspiratrice des œuvres dernières du grand historien. Elle prit part à la réalisation de « L’Oiseau », « L’Insecte », « La Mer ». Elle publia pour son propre compte « Les mémoires d’un enfant » et « La Nature ».

Athénaïs Michelet aime particulièrement Vélizy, village proche de Paris, où elle passe de longues heures à entretenir son jardin et y à recevoir des personnalités politiques et du monde de l’art. 

Villa Michelet à Vélizy.
Villa Michelet à Vélizy.

Née à Montauban, Athénaïs y rencontra par hasard le jeune sculpteur Émile Antoine Bourdelle, également natif de cette ville. Lorsque ce dernier s’installe à Paris, elle l’accueille dans sa maison de Vélizy, où il aura désormais sa chambre. Pour l’aider à le faire connaître, Athénaïs le met en relation avec des commanditaires potentiels et des hommes influents du milieu artistique.

L’Aurore et le Crépuscule

Début 1895, Mme Michelet commande à Antoine Bourdelle un, puis deux bas-reliefs pour orner le pignon de sa villa. La première sculpture, L’Aurore, fut d’abord imaginée nue par Bourdelle, avant que celle-ci ne choque la municipalité de Vélizy. Mme Michelet demande alors à Bourdelle une seconde version drapée et lui commande alors son pendant, Le Crépuscule.

L'Aurore - version sans draperie
L'Aurore - version sans draperie
L'Aurore - version avec draperie
L'Aurore - version avec draperie
Le Crépuscule
Le Crépuscule

Mme Michelet imaginait ces deux reliefs comme une allégorie de sa propre vie :

« Je tiendrai d’autant plus au contraste des deux panneaux qu’ils rentreraient dans ma destinée ! Au seuil de la vie avec lui, les fleurs, les sourires de la nature au sein de laquelle il m’avait placé. Et vingt ans après les ombres du soir déjà descendues symbolisées par des pavots que retiendrait ma main. Alors, encore plus, ce serait la maison de Michelet, sa légende (avant, après). »

Les deux panneaux seront exécutés non sans mal avec retard, ce qui sera durement reproché au sculpteur, mais en mai 1895 le décor orne la façade de la demeure Vélizienne.

Des épreuves en bronze de l’Aurore et du Crépuscule sont exposées au musée Bourdelle à Paris.
Des épreuves en bronze de l’Aurore et du Crépuscule sont exposées au musée Bourdelle à Paris.

La Villa Michelet existait encore avant la deuxième guerre mondiale, au cours de laquelle elle fut malheureusement détruite lors du bombardement de Vélizy par les forces aériennes américaines, le 24 août 1943...


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