NOUVELLE ANNÉE : POURQUOI LE 1er JANVIER ?

En mars, en septembre, en décembre… il faut attendre 1564 pour que le début de l'année soit fixé au 1er janvier. Quelle que soit la date, la tradition des cadeaux a toujours existé.

Sur cette lampe à huile en terre cuite de 27 av. J.-C., une victoire ailée tient un bouclier sur lequel s'inscrivent des vœux de bonne année.
Sur cette lampe à huile en terre cuite de 27 av. J.-C., une victoire ailée tient un bouclier sur lequel s'inscrivent des vœux de bonne année.

L'année n'a pas toujours commencé le 1er janvier. En 46 av. J.-C, Jules César décide de refondre le calendrier romain. Jusqu'alors, l'année débute en mars, mois de la reprise des activités agricoles et guerrières. Il instaure un nouveau calendrier dit « Julien », réglé selon le cours du soleil, comptant douze mois et commençant en janvier ; un calendrier qui ressemble beaucoup au nôtre.

 

Sous la République Romaine, aux calendes (premier jour du mois) de janvier, les Romains échangent des présents appelés étrennes. Un usage hérité, selon la légende, du règne du roi sabin Tatius, à l'époque de la fondation de Rome. Celui-ci avait l'habitude de recevoir en offrande de la verveine venant du bois sacré de Strenna, la déesse de la santé, d’où le nom d'« étrennes » venu jusqu'à nous.

 

Afin de placer le début de l'année sous un bon augure, des cadeaux sont échangés dans toutes les classes de la société romaine. Les amis s'offrent des figues, des dattes et du miel, en se souhaitant une année douce et agréable. Si, au fil du temps, les présents prennent de la valeur (monnaie d'or et d'argent ou meubles précieux), les Romains les plus modestes se contentent de petits cadeaux proches de nos portefeuilles et agendas.

Janus - Italie - Fin XVIIIe siècle.
Janus - Italie - Fin XVIIIe siècle.

Cette tradition s'institutionnalise et devient une fête solennelle dédiée à Janus, divinité aux deux visages, qui donne son nom au mois de janvier. La conquête progressive du calendrier par l'Église va bouleverser la tradition romaine. Dès le concile d'Auxerre en 577, les autorités ecclésiastiques condamnent la pratique des étrennes, jugée diabolique. Le début de l'année coïncide, à présent, avec l'événement du calendrier chrétien, considéré comme le plus important par le roi. Si, à l'époque des Mérovingiens, l'année commence généralement le 1er mars, Charlemagne privilégie Noël. Sous son règne, le 25 décembre marque le début du nouvel an. Quant aux Capétiens, ils optent pour Pâques, dont la date varie d'une année sur l'autre. Il faut attendre le règne de Charles IX pour que la nouvelle année commence le 1er janvier.

Édit de Roussillon, 09 août 1564.
Extrait de l'Édit de Roussillon, 09 août 1564.

Le 9 août 1564, à Roussillon, le roi Charles IX signe en présence de sa mère, la régente Catherine de Médicis, un édit préparé par le chancelier Michel de L'Hospital et le ministre Sébastien de L'Aubespine.

 

Entre autres dispositions, cet édit fixe au 1er janvier au lieu du 1er avril le début de l'année calendaire dans toute la France, mais il ne sera appliqué que trois ans plus tard.

En 1582, Grégoire XIII dépoussière le calendrier Julien et impose lui aussi le 1er janvier à son empire.

Le pape Grégoire XIII préside la commission pour la réforme du calendrier julien en 1582.
Le pape Grégoire XIII préside la commission pour la réforme du calendrier julien en 1582.

Par-delà la variation de dates fixant le nouvel an, la coutume des étrennes et des vœux échangés de vive voix subsiste pendant plusieurs siècles. L'usage est même respecté à la cour de France, comme le confirme la correspondance de la princesse Palatine, sous le règne de Louis XIV.

 

Dans un souci de rompre avec le temps religieux, les Révolutionnaires vont choisir l'équinoxe d'automne, en septembre, pour marquer le début de l'année. Au milieu du XIX siècle, en Grande-Bretagne, une nouvelle habitude s'instaure, celle d'envoyer ses vœux sur une carte. 

L'invention du premier timbre-poste et du procédé de lithographie va permettre l'essor de ce nouveau rituel qui se répand dans toute l'Europe. Un autre l'accompagne, voué de même à un grand avenir : Le calendrier de la Poste.

Almanach des Postes 1878.
Almanach des Postes 1878.

Le calendrier fut appelé tour à tour « almanach de cabinet, calendrier, calendrier de bureau, de comptoir, calendrier des postes » puis officiellement « Almanach des postes ». Il donnait de nombreuses informations sur la poste, comme les mouvements du courrier mais aussi les jours de foire, les heures d'ouverture et fermeture des postes de la ville et des notions d'astronomie.

 

C'est par une circulaire du 15 décembre 1849 qu'Édouard Thayer, directeur de l'administration générale des postes, autorise pour la première fois les facteurs à distribuer ces calendriers pour leur compte. 

Toutefois, l'administration des postes se réserve le droit d'intervenir sur deux points : elle donne son autorisation pour les illustrations puisqu'elles ne doivent pas « froisser le public au point de vue moral, religieux ou politique », et vérifie l'exactitude des renseignements postaux contenus dans le calendrier.

À partir de 1854, les calendriers imprimés par la maison Oberthur sont distribués dans toute la France. Le 1er septembre 1855, Monsieur Stourm, directeur général des postes, interdit par la circulaire n° 43 de proposer, à cette occasion, des publications hostiles au gouvernement. C'est à cette date que les calendriers reçurent l'appellation d’« Almanach des postes - Étrennes des facteurs » et devinrent des documents de service à l'usage du public. Ces informations sont publiées avec l'autorisation et le contrôle des inspecteurs et directeurs départementaux. Ils peuvent donc être utilisés comme documents de référence. On y trouve des cartes des départements concernés et certaines indications administratives. En 1880, le calendrier changea d'appellation et devint l'« Almanach des Postes et télégraphes » puis prend le nom d'« Almanach des P.T.T. » en 1945, avant de devenir l'« Almanach du facteur » en 1989.

Bien que le format soit resté pratiquement identique, le calendrier des postes a évolué avec son temps : apparition de la couleur, des photographies …

Almanach des Postes et des Télégraphes 1898.
Almanach des Postes et des Télégraphes 1898.

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