FARWEST AU TRIBUNAL DE VERSAILLES

Tribunal de Versailles. © Vélizy Info
Tribunal de Versailles. © Vélizy Info

Le 22 mai dernier, le tournage d’un clip du groupe de rap local « Farwest », sur le toit d’un immeuble de onze étages au 5 rue Paulhan à Vélizy-Villacoublay, avait dégénéré.

Prévenu par des voisins inquiets, la police était intervenue vers 20h45 pour interrompre ce tournage sauvage. À leur arrivée, une vingtaine d’individus étaient présent sur le toit et à peu près le même nombre au pied de l’immeuble. La police interpelle rapidement le cameraman qui pilote un drone sans autorisation et les deux chanteurs de Farwest.

 

L’irruption des forces de l’ordre n’avait pas vraiment été appréciée. Les policiers, ciblés par des pierres, devront tirer à sept reprises avec des munitions de dispersion pour restaurer le calme sur place. Dans la soirée, des containers seront ensuite brûlés en représailles. L’apaisement reviendra vers 1 heure du matin.

À l’issue d’une garde à vue, les deux chanteurs et le pilote de drone avaient été remis en liberté et convoqués au tribunal ce 6 septembre.  La SEMIV (société d’économie mixte immobilière de Vélizy), propriétaire de l’immeuble de la rue Paulhan, s’est constitué partie civile.

Au cours de cette audience, la procureure rappelle aux prévenus les faits pour lesquels ils comparaissent :

- Violation de domicile : introduction dans le domicile d’autrui à l’aide de manœuvres, menace, voies de fait ou contrainte.

- Mise en danger d’autrui (risque immédiat de mort ou d’infirmité) par violation manifestement délibérée d’une obligation règlementaire de sécurité ou de prudence.

- Occupation en réunion du toit d’un immeuble collectif d’habitation en empêchant délibérément l’accès des personnes ou le bon fonctionnement de dispositif de sécurité.

- Survol volontaire par le pilote d’un aéronef d’une zone interdite.

Capture écran YouTube du clip de Farwest « T'es pas la bonne ».
Capture écran YouTube du clip de Farwest « T'es pas la bonne ».

L’avocate de la SEMIV précise que l’accès au toit est strictement interdit et que leur inspecteur d’immeuble a constaté une dizaine de dégradations diverses (gaines d’aérations, boîtiers d’incendies, boitier de la clé donnant accès au toit…). L’avocate transmet au tribunal des devis et factures d’un montant de 7837,68€.

 

Aux questions de la juge, les prévenus expliquent qu’ils ont profité du passage d’un habitant de l’immeuble pour s’infiltrer dans celui-ci. Ils reconnaissent leur erreur d’être monté sur le toit sans en mesurer les dangers réels et les conséquences éventuelles. Par contre, ils ne reconnaissent pas les dégradations que la SEMIV leur impute. L’un des avocats des prévenus laisse entendre d’ailleurs que la SEMIV en profite pour facturer des réparations qui n’ont rien à voir avec cette affaire. Le tribunal prend en compte le fait que la police n’a pas constaté de dégradation sur le toit.

Capture écran YouTube du clip de Farwest « T'es pas la bonne ».
Capture écran YouTube du clip de Farwest « T'es pas la bonne ».

Les avocats de la défense précisent que les prévenus n’avaient pas prémédité le choix du lieu de tournage qui a été choisi selon le « feeling » du moment.  Ils notifient également qu’aucune plainte n’a été déposée par les habitants.

 

Une demande de restitution du drone au propriétaire est faite car celui-ci l’utilise dans le cadre de ses études de cinéma. Après visionnage des images enregistrées par la caméra, la police ne relève pas d’exhibition d’armes et aucune atteinte aux institutions dans les paroles de la chanson.

Dans son réquisitoire, la procureure réclame 6 mois d’emprisonnement avec sursis + 1000 € pour les deux chanteurs, et 3 mois d’emprisonnement avec sursis + 1000 € et confiscation du drone pour le cameraman.

 

Dans sa prise de décision, le tribunal retient l‘occupation en réunion du toit d’un immeuble collectif d’habitation avec la mise en danger d’autrui. Le fait de violation de domicile n’est pas suffisamment constitué pour être prise en compte.

 

Le tribunal prononce pour les deux chanteurs une peine de 3 mois d’emprisonnement avec sursis et

1000 € à verser solidairement à la SEMIV au titre de préjudice moral + 200 € d’amende chacun.

 

Le cameraman est condamné à 2 mois d’emprisonnement avec sursis et 1000€ à verser solidairement à la SEMIV au titre de préjudice moral + 200 € d’amende ainsi qu’à la confiscation de son drone.

 

© Vélizy Info

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